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Prinçion de précocipe

 

 

Pour la lecture de ce petit récit, nous pouvons vous conseiller par exemple l'écoute du titre « Humain à l'eau» de Stromaë (http://www.youtube.com/watch?v=49qhh0o2QHw), éventuellement accompagné d'une boisson chaude (par ces temps qui courent)... thé ou vin chaud (mais il faudrait alors que je rajoute « à-consommer-avec-modération-alors-que-vous-savez-très-bien-ce-que-vous-avez-à-faire ») ; plutôt thé donc.

 

 

Mercredi 22 mai 2013. Quelque part sur une petite commune bigoudène...


J'ose à peine y croire ; il me semble ce matin voir, au travers des rideaux, et alors que je me réveille en ce jour de repos, il me semble voir un rayon de soleil. N'en ayant pas aperçu depuis quelques semaines (je n'ose dire des mois), plusieurs réflexions me traversent l'esprit (c'est d'ailleurs, je tiens à le souligner, assez fulgurant comme sensation à cette heure matinale).


Je me demande dans un premier temps si je ne dois pas me dépêcher et attraper un bocal afin de tenter une capture dudit rayon de soleil (j'ai même eu peur à un moment que ce puisse être le dernier dont pourrait bénéficier le finistère... après tout : météo sans dessous-dessus... idée saugrenue)


Voici donc quelle fut ma première pensée. Ensuite, tout naturellement, les rouages de mon cerveau semblent s'être mis en route à leur tour (il m'a toujours fallu un peu plus de temps que la moyenne pour sortir des méandres du sommeil). Et là, je me dis dans un éclair de lucidité : "Pff ! N'importe quoi ! Voilà là une bien drôle d'idée !" Cette météo en miettes me taperait-elle sur le système ?


Tout à fait réveillée cette fois, je décidais plutôt de profiter de ce peut-être unique jour de beau temps (je tiens à préciser que je reste optimiste malgré tout) pour entamer ce que nous appellerons dans le jargon de "la ménagère de plus de 50 ans", le nettoyage de printemps.

 

Un café (sacré) plus tard, musique à donf (dans le respect du voisinage bien évidemment madame), armée d'instruments que m'auraient enviés Pikatchu et Dragon ball Z ; j'entends par là : un aspirateur, un balai-brosse, un ramasse-poussière, etc... je m'activais donc à ma besogne le sourire aux lèvres (Si! Si!), les cheveux au vent. Ah oui ! J'avais, dans un réflexe que je crois naturel ouvert la maison "en grand", histoire d'enfin en virer les locataires indésirables, ceux qui avaient pris possession des lieux durant cet hiver interminable (Vous avez vu ? Je n'ai pas dis éternel. Tiens ? Dans interminable, il y a ...)


Bref, laver le linge, le mettre à sécher... des tâches qu'habituellement j'aurais qualifiées de "beurk !", prenaient sous le soleil une tout autre tournure, voire même, j'aurais pû trouver ça génial.


Je me surprenais même à imaginer, dans un coup de folie, ressortir mon vieux biclou comme en récompense du travail fourni en ce jour de repos et partir en balade, toujours les cheveux au vent. Vous remarquerez l'introduction subtil du conditionnel dans mon récit... je m'en vais vous en expliquer la raison de ce pas (Cette introduction pourrait paraître un tantinet longue à certains mais reste essentielle à une vision globale de ce que j'appellerai désormais "une journée de merde").


Voilà donc, le tableau quasi idyllique presque complet. Ah oui, il me revient d'ajouter que nous vivons dans un petit hameau mignon comme tout, avec des voisins sympathiques : le bonheur à la campagne quoi !
 
Tu parles !

 

TOUT A COUP DONC, alors que j'apportais les déchets au compost (ah oui ! encore une précision : je suis une citadine recyclée qui met l'énergie qu'elle peut à ne pas trop polluer), que sentis-je d'un coup ? L'odeur de l'Ilang-Ilang ? Pas très local. Du coquelicot ? Je n'en vois pas à l'horizon et, à tout bien réfléchir, le coquelicot, ça pue pas. Et là, POUAH, qu'est-ce que ça pue ! Mais j'aurais tout aussi bien pû dire dans un souci de ne froisser personne : "ça ne sent pas la rose ici." Je regarde alors mon terre-neuve d'un regard accusateur mais il vaque à ses occupations et semble au dessus de tout soupçon (et puis nous faisons très attention à son alimentation pour des raisons qui pourraient faire l'objet d'un autre chapitre mais n'auraient que peu d'intérêt ici).


Et là, tous se met en place dans ma tête de piaf. Un peu aidée quand même par ma voisine qui vient d'arriver un masque à gaz sur le visage (Bon là. Je le reconnais. Peut-être est-ce que j'exagère un petit peu. Il se peut qu'en fait de masque à gaz, c'était peut-être bien un mouchoir ou encore son col roulé qu'elle avait relevé sur son nez - mais là, je ne vois pas très bien pourquoi elle aurait eu un col roulé en plein mois de mai - quelque chose m'échappe). Elle me dit donc : "Ils sont en train de traiter". J'entends alors des bruits de moteur effectivement mais comme je suis une "citadine en cours de reçyclage", je ne comprends pas tout encore.


Qui ça "ils"? Avant que je n'imagine des êtres étranges à tête d'alien, ma voisine observant mon air hébété (les jeun's auraient dit "te-bé") ajouta : "mais reste pas là. Faut tout fermer"


Branle-bas ! Ramassage à donf du linge qui sèche (mais trop tard il pue. faudra le relaver). Ramassage du chat dans un arbre (Aïe ! i'm'griffe !). Ramassage du terre-neuve au passage sous l'autre bras (je dois avouer que techniquement, ça a été pour moi la partie la plus compliquée). Tout ce petit monde à l'intérieur et refermage de toutes les fenêtres.


Je vous passe là tous les jurons utilisés dans ce moment de stress intense.


Je tourne en rond dans la maison, le regard plein de stupeur. Ne sachant que faire, j'allume internet... La confusion règne. Que des gros mots : phytosanitaire, législation, maladies en tous genre, associations de victimes... Me reste une impression... Moi, avec mes histoires de linge qui pue, de jour de repos ensoleillé et de terre-neuve sous l'bras, ça va pas l'faire, face à des pressions économiques, politiques (moi aussi, j'dis des gros mots tiens! et ils finissent tous en "ique"... bizarre !) et je ne sais quoi encore.


Qu'à cela ne tienne, j'vais quand même ouvrir ma boîte à camenbert (au lait cru d'appellation contrôlée), j'appelle la mairie de cette charmante bourgade et tombe sur une charmante personne mais qui ne peut me renseigner sur les possibilités qu'avaient celui que je nommerai désormais "le monsieur au tracteur" (suis encore en cours de recyclage), de "pchitter" ainsi sous les fenêtres du hameau un produit dont je ne connais pas l'origine mais qui ne sent pas le coquelicot. La femme au téléphone se renseigne de son côté et m'engage à prendre contact avec la chambre d'agriculture d'à côté pour m'informer de la législation existante. "Mazette !" ou "Gast !" plutôt. La chambre d'agriculture ? Et dire qu'il faisait enfin beau ce matin...


Qu'à cela ne tienne, armée de mon plus beau sourire, je pris mon téléphone (oui. Je souris au téléphone. 'jamais dit que j'étais tout à fait fixée comme nana). J'ai eu en ligne - j'ai pas tout compris - le monsieur chargé de la culture ? des cultures alors plutôt ? Ce monsieur donc, me dit que effectivement, il y a une lacune juridique à ce niveau (si ça se trouve, il existe UNE lacune juridique en france et je suis tombée dessus). "Ah?", lui répondis-je. "Oui", me dit-il.

 

S'ensuivit ensuite la réponse. A ma question : "un agriculteur peut-il épandre là, sous mes fenêtres, un produit qui pue?" (peut-être ne l'ai-je pas tout à fait formulée ainsi). Et bien donc : oui, même si c'est une lacune (entendre là que le produit qui pue ne doit quand même pas être "net net") et que eux, chambre d'agriculture, dans un souci d'entente cordiale (entendre par là : si on peut éviter une guerre civile...), conseille fortement aux agriculteurs de prévenir (en l'occurence, dans mon cas, il aurait dû prévenir Bibi et sa voisine) toute personne susceptible d'être là au moment de l'épendage (et un nouveau mot, un, à mon vocabulaire de citadine en cours de reçyclage !). S'en est suivi une sombre histoire de force de vent à ne pas dépasser pour épandre les produits mais allez savoir vous, si le vent allait ce jour là à plus ou moins 19 km/h (non mais franchement !).


Ma mère m'ayant faite polie, je le remerciais grandement des informations qu'il avait pris le temps de me donner (comme il est de coutume avec le monsieur de la chambre d'agriculture) ; il dû cependant percevoir dans mon sourire un certain désarroi car il me conseillait éventuellement de me rapprocher d'associations traitant de ce problème.


et voilà ! me voilà bête comme chou. Tiens, d'ailleurs, je décide officiellement de changer cette expression, parce qu'entre autre, un chou c'est mignon et ça m'oblige pas à relaver mon linge. Me voilà donc, bête comme produit-qui-pue et bien avancée madame (et monsieur aussi hein). Je me demande bien qu'est-ce que je vais pouvoir faire de cette histoire (authentique). Peut-être vais-je l'abandonner sur un bord de route et espérer qu'un courant d'air malicieux emporte les feuillets et qui sait, peut-être les déposera-t-il chez le "monsieur au tracteur" lequel, pris de remord, décidera désormais de venir plutôt épandre (j'ai bien retenu la leçon) des tapis de fleurs sauvages (je vous l'accorde : peut-être ai-je trop lu les aventures de Oui-Oui lorsque j'étais petite et peut-être que le "monsieur au tracteur" lisait lui plutôt les Monstroplantes). Peut-être que c'est le "monsieur de la chambre d'agriculture" qui tombera dessus et il se dira alors que quand même, c'est n'importe quoi cette histoire de vent à 19 km/h. Peut-être. Ou encore peut-être l'un de vous, mieux équipé que moi en matière grise, aura une idée lumineuse pour qu'enfin cesse cet outrage fait à mon linge qui sèche. Voilà, je ferme là ma boîte à camenbert et passe la main...

 

NB : aucun animal n'a été maltraité pour les besoins de cette histoire.

ah ! Le lendemain, près du champ "épandu" (j'ai un doute sur l'orthographe là) des poignées d'abeilles ont été trouvées sur la route, chargées de pollen. Genre : vous rentriez de chez Carrouf et on vous a retrouvé à terre avec encore vos sacs en plastique plein de provisions à la main... l’inspecteur « Monsanté » est chargé de l’affaire…

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