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Feuille de vigne ou... A poil la cicadelle !

 

 

Pour la lecture de ce récit, je vous propose l'écoute d'une musique jazzy, éventuellement accompagnée d'un petit verre de vin de Bourgogne, Côte de beaune blanc 2008, Les Pierres Blanches* (un seul hein ? J'vous surveille !** )

 

* médaille d'or concours d'amphore 2010

* *Ben non, j'vous surveille pas ; je sais bien que vous êtes assez grand pour savoir ce que vous avez à faire

 

 

Samedi 8 mars 2014. Quelque part en Bigoudénie...

 

A l'attention de mes téléspectateurs... euh... de mes lecteurs (qui doivent être au nombre d'une vingtaine les jours de grand vent ; je remercie à ce propos ma famille, mes amis...) : voici, en préambule, un article qui aidera à planter le décor de cette nouvelle petite aventure, laquelle se passe à Beaune, non loin de ce magnifique endroit qu'est le parc régional du Morvan.

 

C'est à la lecture de cet article en particulier que tout a commencé :

 

http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/11/27/la-justice-poursuit-un-viticulteur-bio-qui-dit-non-aux-pesticides_3520557_3244.html  

 

J'avais alors, assez spontanément je dois le reconnaître, adressé un mail à Emmanuel Giboulot l'invitant à m'informer d'un éventuel moyen de lui apporter mon soutien ; je m'imaginais alors, tel un super héros, filer à la rescousse, mon slip par-dessus mon collant (cf particularité vestimentaire superman).

 

J'étais portée à ce moment par cette simple réflexion : « pourquoi obliger un viticulteur installé depuis si longtemps en biodynamie (petite précision : la biodynamie n'est pas une contrée lointaine, contrairement à la bigoudénie) à renier un travail d'aussi longue haleine ? Et pourquoi, si le pesticide qu'aurait dû utiliser Monsieur Giboulot fonctionne si bien, pourquoi alors les viticulteurs classiques qui, eux, l'utilisent sur leurs vignobles, se verraient-ils menacés par la décision d'Emmanuel Giboulot ? Leurs vignes seraient bien alors protégées ? Par ce fameux pesticide ? Non ? ... ?»

 

Enfin, malgré que le mail adressé à Emmanuel Giboulot soit resté sans réponse (il est vrai que recevoir un courrier d'une courgette peut paraître suffisamment incongru pour ne point en rajouter en y répondant... ), j'ai donc continué à m'informer des mésaventures qu'il vivait, jusqu'au lancement d'un pétition en sa faveur, laquelle a d'ailleurs recueilli plus de 500000 signatures, jusqu'au jour également de l'audience au tribunal de Dijon, audience au cours de laquelle le procureur de la république a requis contre lui une amende de 1000 euros dont la moitié avec sursis (il risquait au départ 30000 euros d'amende et six mois d'emprisonnement)

 

Alors voilà, il faut désormais attendre le 7 avril, date à laquelle le tribunal rendra sa décision « qui est méchant, qui est gentil ».

 

En attendant, et pour mieux comprendre tout ceci...

 

          Tout petit déjà, Emmanuel Giboulot, … euh non, 

 

          Toute petite déjà, Muriel Bessard, … euh non : pas ça non plus...

 

          Toute petite déjà, j'écrivais des bêtises. Ah ! Nous y sommes. Voici un bon début...

 

Mais bon, trêve de billevesées (ne trouvez-vous pas que certains mots mériteraient d'être remis au goût du jour ? ), j'ai grandi depuis et l'heure n'est plus aux élucubrations ; à ce propos d'ailleurs, et dans un souci d'étayer mon propos de façon cohérente, je décidais plutôt d'adresser un courrier à Mme Muriel Bessard et de vous en faire copie... mais me direz-vous, qui est donc Muriel Bessard et que lui voulais-je à la fin ? Alors voici...

 

 

 

               Chère Muriel (Je me permets de vous appeler Muriel bien que nous ne nous connaissions pas ; vous pouvez, bien évidemment, de votre côté, m'appeler Courgette), 

 

Je vous écris de Bigoudénie dans le Finistère (oui oui. Il reste encore du monde ici, malgré les palanquées de tempêtes que nous venons d'essuyer) où tout se passe pour le mieux d’autant que j’aperçois enfin un coin de ciel bleu. (Tiens ? et qu'aperçois-je également, au même moment, à l'horizon ? un tracteur… et qu’a-t-il sur les côtés ? On dirait des rampes de lancement… mouais ! ça me rappelle quelque chose, mais je verrai cela plus tard - cf prinçion de précocipe)

 

Enfin, à part ceci donc, tout va bien. Je dois, cet après-midi, rendre visite à ma tante Suzanne de Ploaré qui se remet tout juste du mardi-gras (elle a eu des émotions croyant s’être reconnu, cette fois-ci pour de bon, dans le den paolig). Mais ceci, me direz-vous, n’a rien à voir avec ce qui nous préoccupe aujourdh’ui et me vaut de vous écrire.

 

Et elle arriva enfin là où elle voulait en venir…

 

J’ai donc lu, il y a quelques jours, votre article sur le site de france 3 Bourgogne - http://blog.france3.fr/vigne-et-vin-en-bourgogne/2014/02/27/affaire-emmanuel-giboulot-un-soutien-trop-complaisant.html - vous y faites part de vos questionnements, concernant notamment les divers soutiens reçus par Emmanuel Giboulot ; je dois reconnaitre que je suis alors restée quelques longs moments perplexe-dubitative-pantoise-comme-vous-préférez (il faut alors m’imaginer assise sur mon canapé, l’ordinateur posé à côté, plein de points d’interrogation autour de moi).

 

Dans votre article, vous vous demandez entre autre et si j'ai bien compris, si le soudain élan de soutien à E. Giboulot n’est pas trop complaisant, autrement dit, au vu de ce que vous y développez, les 500 000 personnes ayant signé la pétition avaient-elles suffisamment de billes en poche (je conserve, tout comme vous, la délicatesse de ne pas dire « suffisamment de jugeotte ») pour juger en leur âme et conscience, de ce qui était « bien ou mal » dans cette affaire.

 

D’où ma perplexité car si vous avez lu le propos qui précède ce courrier, j’étais de celle à avoir « spontanément » soutenu E. Giboulot.

 

Toute mesure gardée et comme ça en passant, rappelons quand même que ce sont 500 000 personnes qui ont signé la pétition. Pas 5 millions, pas 50 millions… 500 000. Pas de quoi donc affoler les sociétés sygenta ou Bayer qui commercialisent les produits phytosat' homologués pour les traitements des vignes. Je crois même pouvoir leur prédire encore de beaux jours (leurs chiffres d'affaires est, à ce propos, facilement consultable sur le net)…

 

Bref, ne voulant pas rester perplexe, je continuais donc mes lectures afin de trouver « où donc avais-je bien pu me tromper ? »

 

Je vois donc déjà que vous êtes une spécialiste des vins, vous avez du coup, un étayage scientifique dont je ne saurais me targuer. Soit.

 

La cicadelle alors… Tiens ? La cicadelle a un fuselage marron doré et propose un élégant croisement entre la grenouille et le criquet : aérodynamique donc, coloré et tout et tout. Alors, voilà un insecte dont effectivement je n’avais jamais entendu parler (jusqu’ici pour moi, le monde des insectes se résumait plutôt aux « coccinelles » et aux « non-coccinelles»)... et un de plus dans la besace de mes connaissances ! Un !

 

Bon alors d’accord, la cicadelle acquiert, par piqûre d'un cep déjà atteint, le phytoplasme (toi-même) responsable de la flavescence dorée et ensuite « zoup zoup zoup », elle contamine les autres ceps (à noter que le phytoplasme peut également être transmis par le greffage)

 

Et la flavescence dorée ? Bon, et bien là par contre, je m’étais renseignée un minimum. C’est genre : la peste bubonique des vignes, le « phytoplasme-qui-tue » et qui pourrait faire disparaître les vignes et donc, CQFD, le vin de nos tables (Pas Glop !)

 

Mais voilà, vous imaginerez bien du coup que je ne pouvais pas me renseigner sur ces petites bestioles sans me renseigner également sur les produits qu'aurait dû utiliser Emmanuel Giboulot selon la décision préfectorale ;

 

en voici la liste sur le site de la Draaf de Bourgogne :

 

http://www.stop-flavescence-bourgogne.fr/lutte.html#liste-des-produits-et-conditions-dapplication

 

et voici la fiche technique d'un des produits de la liste :

 

file:///C:/Users/Cedric/Downloads/LUZINDO%20LesEssentiels.pdf

 

Ah ! Et j'ai trouvé ceci aussi (et surtout) :

 

http://www.senat.fr/questions/base/2014/qSEQ140210645.html 

 

Alors, j'attire particulièrement votre attention, en plus que ce produit soit CARREMENT MORTEL (les majuscules sont un petit effet de style afin que personne n'imagine que ce produit soit un petit peu mortel sur les bords seulement) pour les abeilles, entre autres précieuses petites bestioles ; j'attire donc particulièrement votre attention sur les précautions d'emploi dudit produit... (Pas glop de nouveau !) ; et je tire mon chapeau rond aux viticulteurs qui parviendraient à les respecter toutes (question subsidiaire : dresser ainsi une liste des précautions d'emploi suffit-elle à l'homologation d'un produit ? Des fois, on dirait bien !).

 

Force est de constater que ça se corse quand même un tantinet en terme de réflexion, d'autant qu'il semblerait que quelqu'autres solutions existent, plus propres, voire même, certains viticulteurs bio ajoutent qu'ils préfèreraient arracher tout ou partie de leurs plants plutôt que d'avoir à utiliser les produits cités plus haut... que pourrait-on dès lors, leur demander de plus ?

 

Pour en revenir à votre questionnement et à ma perplexité, la complaisance, merci Monsieur Larousse, est cette « indulgence excessive et souvent blâmable » ; alors après tout (mais ce n'est qu'une question), pourquoi ne serait-elle pas ailleurs la complaisance, genre : du côté de monsieur le préfet de Bourgogne qui, par la signature d'un décret, contribue au chiffre d'affaires des grands groupes producteur de chimie (leurs chiffres d'affaires sont, à ce propos, facilement consultables sur le net... ah bon ? Je l'ai déjà dit ça ?). Je vous rappelle par ailleurs (je radote, je radote mais j'y tiens, j'y tiens !) que 500 000 personnes ont signé la pétition de soutien à Emmanuel Giboulot. Ça pourrait paraître beaucoup à certains mais peut-être faudrait-il s'intéresser alors (histoire d'avoir un élément de comparaison) au nombre de personnes qui ingèrent au quotidien des produits chimiques contre leur volonté (enfin, c'est un espoir que je garde en tous cas, que ce soit contre leur volonté), sous couvert d'une alimentation équilibrée « pour bien grandir, mange cinq fruits et légumes par jour »... croyez-vous que leur nombre soit dans le même ordre de fourchette ?

 

Mouais ! C'est ça ouais !

 

Et oh ! Elle est où la complaisance maintenant ?

 

Après, peut-être effectivement devrais-je, de la même façon que j'ai apporté mon soutien à Emmanuel Giboulot par "complaisance", peut-être devrais-je, par solidarité cette fois, apporter mon soutien aux viticulteurs « classiques », mais là encore, je me poserais deux questions :

 

1 - suis-je prête, par solidarité avec les viticulteurs, à ingérer leur production (enfin... pas toute leur production quand même hein ?) traitée cette année contre la flavescence dorée

 

2 - Que déciderais-je si j'avais le choix entre :

 

□ une dégustation d'un verre de grand cru traité au préalable contre la flavescence dorée,

□ continuer à voir les abeilles butiner ?

 

ARGH ! Force est de constater que ça se corse encore... un tantinet...

 

Une certitude en attendant, Emmanuel Giboulot s'est retrouvé au tribunal pour avoir refusé l'utilisation d'un pesticide (qui, donc, contrairement à ce que son étymologie pourrait le faire croire n'est pas fait pour en finir avec les petites pestes) et la question de la flavescence dorée divise la profession.

 

Je ne sais pas, n'étant pas courgette-viticultrice, si les crus 2014 en provenance de Bourgogne (et des autres régions viticoles soumises au même « régime »), conserveront la note douce amère, le petit arrière goût chimique du traitement reçu ; je sais simplement, qu'aujourd'hui (et je vous remercie d'ailleurs à ce propos de votre article qui m'a motivée à poursuivre mes « investigations ») et ce, quand bien même je n'aurais pas signé la pétition en soutien à Monsieur Giboulot, ce à quoi je ferai désormais particulièrement attention lorsque j'achèterai du vin.

 

Et pour revenir une dernière fois à cette histoire de complaisance, il me vient tout à coup une drôle d'idée : Emmanuel Giboulot aurait-il pu de son côté porter plainte contre ceux qui homologuent des produits qui pourraient, d'un seul coup d'un seul, décimer son travail ?

 

Mouais ! Je crois que cette question va rester ouverte pour aujourd'hui...

 

(même si, vous l'imaginez bien, j'ai mon idée sur la question...)

 

Alors voilà, je tenais à éclaicir ces quelques petits points car, parmi les personnes ayant signé la pétition de soutien à Emmanuel Giboulot, probablement certaines l'ont fait en « connaissance de cause » (si ça se trouve même, les 500 000 mais ça... allez savoir !).

 

Le 7 avril, Emmanuel Giboulot saura la décision du tribunal.

 

Pour ma part, dès aujourd'hui, je connais la mienne. Me reste une question : pensez-vous que des décisions juridiques puissent être prises, des homologations attribuées... par complaisance ?

 

Ils n'oseraient pas... quand même ?

 

Dans l'attente, je vous souhaite une bonne continuation dans l'exercice de votre métier, de sympathiques dégustations, si possible exemptes de phytoplasmes et autres ectoplasmes.

 

 

 

                                                                                   La courgette

 

 

 

A l'attention de mes lecteurs : dans l'idée de créer une pétition en ligne en soutien aux sociétés Bayer, Sygenta (et autres), et afin d'évaluer le succès qu'elle pourrait obtenir, pouvez-vous, par retour de mail, m'assurer que vous seriez prêts à la signer ? Bien à vous et merci d'avance

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